SANIJURA Essentiel détail scié » Vienne : Un château aussi impressionnant que spectaculaire à Ternay

Ce château semble sorti tout droit d’un conte… C’est ce qu’évoque irrésistiblement Ternay qui offre une vision saisissante avec ses tours crénelées… Perché sur une éminence qui surplombe la vallée de la Dive, ce logis seigneurial bâti en 1439 est aujourd’hui la demeure de Loïc et Caroline, comte et comtesse de Ternay.

Si le document le plus ancien encore existant concernant le village de Ternay est daté de 1046, on peut affirmer que les premières traces de vie sur ce plateau dominant la vallée de la Dive remonte à des temps beaucoup plus lointains (traces gauloises, romaines et mérovingiennes). Aucun document écrit ne signale la présence d’une construction défensive moyenâgeuse sur ce plateau, mais la tradition orale mentionne qu’une forteresse aurait été détruite pendant la guerre de Cent Ans et les fondations de l’actuel édifice semblent très anciennes.

C’est en 1439, que débutent les travaux de construction de Ternay à la demande de Bertrand de Beauvau, diplomate et créancier à la cour des ducs d’Anjou et des rois de France et ami de Jacques Cœur et du roi René. Le château à la forme d’un quadrilatère irrégulier enfermant une cour intérieure, une tour à chaque angle, le tout ceint d’un profond fossé et d’une forte muraille. La vaste enceinte du château fut très endommagée à la suite des combats livrés autour de Ternay lors des guerres de religion en 1569. Cinq ans après, Claude de Beauvau, seigneur protestant de Ternay, assassine son voisin catholique Jacques d’Arsac. Si la religion semble être le motif principal de ce crime, il faut aussi mentionner les jalousies concernant les terres (les seigneuries des deux personnages se touchent). Maturine le Riche, veuve de Jacques d’Arsac assassiné, obtient après vingt quatre années de procès la condamnation à mort par contumace de Claude de Beauvau ainsi que la mise en possession des biens de celui-ci.

La seigneurie de Ternay passe alors aux mains des d’Arsac en 1606. C’est à la fin du XVIIème siècle que cette famille entreprend des travaux sur l’aile ouest, avec notamment la construction d’un corps de bâtiment avec toit à la Mansard pour agrandir la surface habitable. Le chevalier d’Arsac de Ternay, élevé au château après une carrière dans la Marine Royale et des exploits remarqués sera nommé amiral de la flotte de Louis XVI. Il transporta avec succès les troupes de Rochambeau au nouveau monde pour aider les Américains dans leur lutte contre les Anglais. De son côté, Gabriel d’Arsac, son frère aîné, est député de la noblesse du Poitou. Il siège aux Etats Généraux en 1789, puis émigrera. Le château sera vendu comme Bien National en 1792. Sa femme, Marie Adélaïde Cantineau de Commacre, le rachètera en 1804. Leur fils unique meurt en 1813 au Portugal. Désormais sans héritier, la veuve se souvient d’une vieille alliance (1647) passée avec la famille d’Aviau de Piolan avec laquelle elle est restée très liée et lègue l’édifice à Charles Marie d’Aviau de Piolan « à charge pour lui de relever les noms, titres et armes de la famille d’Arsac », à savoir :  » de sable à l’aigle éployée d’argent becqué et onglée de gueules « . Charles Marie d’Aviau de Ternay, premier du nom, entreprend d’importants travaux sous les conseils de l’architecte Ojam : constructions de nouvelles écuries (1864), destruction des restes de la muraille et comblement du fossé sur le coté ouest, modification de l’aile ouest du château en supprimant le toit à la Mansart et modification des ouvertures des ailes nord et sud. Les travaux se termineront en 1880 pour donner à l’édifice son aspect actuel. Aujourd’hui, ce château médiéval au passé prestigieux, aussi élégant que spectaculaire est une demeure familiale habitée par Loïc et Caroline, comte et comtesse de Ternay et leurs enfants.

Cet ensemble de bâtiments qui a une âme est préservé, dans l’atmosphère comme dans le décor qui lui viennent de son lointain passé, par les soins attentifs que lui apportent ses propriétaires. En effet, le couple ne ménage pas ses efforts pour conserver l’esprit adapté à ces lieux historiques et qui s’accorde à merveille aux souvenirs que dégagent ces vieilles pierres : boiseries, cheminées, plafonds à caissons polychrome, parquets à l’anglaise, mobilier d’époque, lourdes tentures, lits à baldaquin, objets de famille… autant d’éléments qui renforce l’ ambiance hors du temps. Sous ses poutres historiques, Ternay a conservé la majesté imposante de son passé médiéval. Il faut aussi savoir, que depuis la nuit des temps la récolte des truffes était une tradition dans cette région, habitude abandonnée après les dernières grandes guerres.

En 1987, des analyses de sols effectuées sur une parcelle de terre agricole improductive du domaine a montré des caractéristiques propices à l’élevage de la truffe. Un hectare de chênes et noisetiers mycorhizés ont donc été plantés. Grâce aux soins apportés, les brûlés n’ont pas tardé à apparaître. La même année, le chien dressé d’une amie de la famille trouve la première truffe, mais il faudra attendre 1999 pour prétendre à une vraie récolte. A cette époque se pose un dilemme ? Qui va aider Loïc à dénicher les champignons souterrains : un chien ou un cochon ? C’est en famille que l’ultime décision sera prise et c’est le chien qui l’emportera. Mais, attention, ici, le chien du château ne présente ni qualités de race, ni prestance, ni pedigree irréprochables. Okase, c’est un pur bâtard qui a été adopté à la S.P.A de Poitiers. Cette petite chienne affectueuse, après trois mois d’un travail patient à raison de deux fois une heure par jour, va réussir à trouver ses premières truffes. Cette « perle » à quatre pattes est aujourd’hui confirmée !

Après quelques heures passées dans ce lieu presque magique , on pourrait résumé l’histoire ainsi … Il était une fois Ternay, un vrai château de contes, édifié au beau milieu d’un parc romantique de quarante cinq hectares, entouré par une forêt giboyeuse et qui possède encore de vraies oubliettes ! Au sein de ses murs entretenus avec le cœur, respire la quiétude, la sérénité, bref, la douceur de vivre… Un rêve de pierre qui fait partie des rares lieux séculaires qu’il faut bénir ! Que dire de Loïc et Caroline, deux châtelains des temps modernes ? Que ce sont des gens comme on aimerait en rencontrer plus souvent, et qui montrent une grande simplicité et surtout une désarmante gentillesse d’une touchante vérité. Plus d’infos sur www.chateau-de-ternay.com

Par Laure Pierre – Photos Richard Dargent