La toute nouvelle marque les Ateliers d’Aubusson a bien l’intention de remettre au goût du jour les savoir-faire traditionnels des tapisseries d’Aubusson. Exercices de réinvention.
À l’issue de leur cursus universitaire à l’École supérieure de commerce de Clermont et de séjours à l’étranger, Sylvain Matthieu Boyer et Guillaume Monnoie se sont vite rendu compte que leur région, sise au cœur de la France, disposait d’une pépite : la tapisserie d’Aubusson. En 1665, Colbert, ministre des Finances de Louis XIV, accorde le statut de Manufacture royale aux ateliers de basse lisse. Depuis près de 600 ans, la pratique artisanale de la tapisserie perdure. Ce savoir-faire français, inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’Unesco, bénéficie d’une renommée internationale. Mais la tapisserie d’Aubusson souffre aussi d’une image désuète. « Il nous est apparu évident qu’il était possible de changer cette vision en faisant appel à des designers, des artistes ou des décorateurs pour l’adapter aux intérieurs contemporains. On joue la carte de la territorialité et de l’ancrage régional, des valeurs qui nous sont chères », explique Sylvain Matthieu Boyer.
En juin 2015, les jeunes entrepreneurs de moins de trente ans montent leur structure : les Ateliers d’Aubusson comptent valoriser ce patrimoine bien français et quelque peu délaissé. En septembre, dans le cadre du Hall Projets, ils présenteront La canopée, l’œuvre de la créatrice Perrine Vigneron, qui ajoute des fils phosphorescents à la laine pour donner une modernité inattendue aux traditionnels motifs de « verdure ». Une gamme de coussins, dessus-de-lit et plaids font aussi la démonstration du potentiel contemporain de la tapisserie. « C’est une façon de montrer comment on peut conjuguer le medium à l’attention de la prescription. »
Pour inscrire un savoir-faire patrimonial dans l’histoire d’aujourd’hui, l’entreprise ne compte pas seulement sur les vertus revigorantes de la création artistique. L’innovation est la clé de voûte de la démarche : « Nous avons mis au point une technologie qui permet de produire la tapisserie moins cher et plus vite grâce à une assistance semi mécanique associée à un module numérique. On obtient un travail d’une grande finesse et, surtout, nous pouvons ainsi répondre aux besoins de personnalisation des prescripteurs ». Pas inutile quand on sait que la production d’un mètre carré de tapisserie nécessite un mois de travail pour une personne. L’innovation technologique permet ainsi de moduler à la demande le format, les couleurs et les motifs de la tapisserie, que ce soit des dessins ou des photographies, et d’en faire des pièces uniques. Les Ateliers d’Aubusson ont déjà fait leur preuve dans le cadre d’un projet de salle de cinéma privée, car en plus de ces qualités esthétiques, la tapisserie en laine procure une isolation phonique de qualité. « Sans compter une espérance de vie de 400 à 500 ans ». Costaud, le nouveau luxe à la française.
Via M&O Mag