Une maison qui courtise avec le bonheur

Non contente de parader dans le triangle d’or de Deauville, Trouville et du pittoresque port d’Honfleur, cette sublime propriété s’offre un havre de paix, joliment caché dans son écrin de verdure, sur les hauteurs de Blangy-le-Château. Pour la mettre douillettement en beauté, la restauration de cette belle augeronne a duré deux années.

Cette propriété était à l’origine une imposante maison de maîtres appartenant au fils d’un notable de Lisieux. A son décès, elle est laissée à l’abandon pendant quarante cinq ans. Dans les années 90, un couple l’achète et la rénove partiellement pour la revendre. Quelques années plus tard, Patrick Kuchly et son compagnon, tombent sous le charme de cette demeure, mais ils doivent entreprendre de gros travaux, pour redonner à la bâtisse, le lustre qu’elle avait au XIXème siècle. La restauration va durer de longs mois, car il faut rectifier l’alignement des murs et des ouvertures selon les plans d’origine, mettre à jour des cheminées, découvrir briques et anciennes tommettes… La patience et la passion des propriétaires ont ouvert les pages d’une nouvelle destinée à cette maison normande qui prône le calme et le raffinement. La route qui mène à la Closerie des Millets serpente entre collines, prairies verdoyantes, châteaux, manoirs, haras et jardins remarquables. Les vaches paissent sous les pommiers, et dans les vergers qui ont tant inspiré les impressionnistes.

Dans ce décor de rêve, la propriété apparaît sobrement coiffée d’ardoise, avec ses petites briques rouges et ses pans de bois à l’orée des forêts. De prime abord, elle vous invite à courtiser le bonheur ! Pousser la porte de cette maison de maître du XIXème siècle flanquée d’une longère aux colombages d’époque, c’est immédiatement entrer dans un univers artistique teinté d’un charme indéfinissable ! Une symphonie de couleurs, de matières, de mobiliers chinés et détournés de leur affectation d’origine, vous captive dès votre arrivée. L’œil circule au rez-de-chaussée dans une succession de pièces aux teintes murales veloutées, se laisse surprendre par l’audace de ce violine qui chante sur ces fauteuils tout droit venus de l’Opéra, prend plaisir à se poser sur les rideaux de taffetas, les voilages en lin, s’amuse de cette collection de vases Art Nouveau et de ces styles Empire, Louis XVI, et contemporain qui cohabitent avec brio, s’attarde sur l’originalité des portes de la bibliothèque, ou sur cette insolite banque de commerce dès l’entrée. La pupille s’anime en découvrant une succession de pièces où les œuvres contemporaines comme les magnifiques toiles de Maryline Tanguy le Gac tutoient les tableaux aux charmes d’une toute autre époque. Mais les reines de cette décoration singulière, ce sont tous ces meubles et bibelots d’antan, chinés avec soin chez les antiquaires et dans les brocantes de Normandie, qui s’inversent, s’unissent, se segmentent, pour incarner une autre vie : têtes de lit, lampes, et miroirs rivalisent de prouesses créatives ! « La plupart des objets ont été chinés à l’étranger lors de nos différents périples à travers l’Europe et le Monde » explique Patrick Kuchly. La quiétude se poursuit dans le jardin paysager et le verger, apprivoisés sur deux hectares de nature. Cette ravissante demeure allonge ses terrasses bordées d’hortensias, de roses anciennes, ou de flocks qui s’épanouissent benoîtement au soleil levant. Le romantisme subtil d’une atmosphère sous l’emprise de la grâce, et le calme profond vous attend, pour satisfaire vos envies de farniente, d’écriture, ou de lecture.

Des chambres habillées de tonalités apaisantes

Seuls le raffinement et un fort caractère ont droit de cité pour les suites situées en étage dans la maison de maître et dans la longère. Des collections de pièces d’art ont trouvé judicieusement leur place dans les vastes chambres et leur petit salon s’est habillé de tonalités apaisantes. Ici, on panache le charme de l’ancien au confort contemporain. On a su mettre à jour les cheminées, découvrir d’anciennes tommettes, respecter les poutres, travailler la couleur des étoffes (Pierre Frey, Lelièvre) avec un goût prononcé pour valoriser un meuble d’époque ou mettre en lumière une œuvre avec élégance. La Closerie des Millets abrite des suites aux noms évocateurs d’opéra : La Tosca, la Traviata, Roméo et Juliette, La Bohême, Lakmé… La maison vibre au tempo des maîtres de ces lieux passionnés d’art lyrique. On y dort merveilleusement bien, l’esprit porté par tant de beauté. On s’y réveille apaisé et heureux avec le chant des oiseaux, l’air pur, les yeux plongés dans la verdoyance du végétal. Toutes les pièces héritent d’une vue théâtrale sur la forêt, sur la campagne ou bien encore sur le parc fleuri.

Dans les salles de bains, les époques se chevauchent

Les salles de bains affichent des personnalités uniques. Les époques se chevauchent mais s’affirment par des notes contemporaines pour se sentir à l’aise : vasque à l’ancienne ou design, miroir en bois doré et baignoire d’angle, carrelage immaculé ou colombages… Toutes bénéficient de la lumière naturelle. Cette demeure dispose aussi de deux logis aménagés comme des maisons de campagne et révélant une identité rustique marquée. On y découvre des sols en tommettes du XVIIIème siècle découvertes dans le jardin lors de la restauration de la longère, des murs en petites briques et des colombages actualisés par des teintes pastel.

Argenterie et vaisselle ancienne…

Le premier repas de la journée va de pair avec le bonheur du lever. L’argenterie et la vaisselle ancienne participent à leur façon au plaisir de ce repas très privé. En toute intimité, vous composez un repas matinal équilibré et gourmand à partir de produits frais et de préparations concoctées par les maîtres des lieux. Le fond sonore distille des notes tantôt classiques tantôt relaxantes La lecture de la presse mise à disposition invite à s’attarder encore quelque peu. A la Closerie des Millets, le matin embaume d’odeurs mêlées de mini viennoiseries-maison, de baguette fraîche, de brioche ou de pain aux pommes tout juste préparé. C’est aussi le moment où l’on découvre le cake du jour à se damner, à chaque fois différent, et ses muffins aux fruits rouges à faire pâlir de jalousie les chefs réputés. Le petit-déjeuner normand invite aussi à sa table les produits laitiers à marier avec le miel, une ribambelle de confitures maison, des fruits secs et des fruits rouges. Et, puis pour le dîner du soir, contrairement aux autres chambres d’hôtes, ici la table ne se partage pas, elle se savoure en petit comité, dans la bibliothèque, au salon ou dans la salle à manger. Joliment dressée, cette table est la vôtre : vaisselle de Sarreguemines, assiettes anciennes, argenterie sur nappe blanche participent à la réussite de ce festin pour hôtes privilégiés ! (www.lacloseriedesmillets.com).

Par Laure Pierre