Affichant une hauteur de 25 mètres, le phare de Kerbel situé à Riantec près de Lorient (Morbihan) a été entièrement rénové par Daniel Jégat qui a transformé l’ancienne lanterne en un cocon douillet de 20 m2. Une adresse iodée plutôt inattendue avec une vue panoramique à couper le souffle sur la mer et ses humeurs !
L’impression d’être coupé du monde est saisissante !
La construction du phare de Kerbel a débuté le 30 mars 1853 et s’est achevée en 1913. A l’époque, il fonctionnait à la vapeur de pétrole. Il est intéressant de signaler, que parmi ses gardiens, on compte Honorine Le Guen, surnommée «La lumière du pays ». Elle fut la seule femme française à exercer cette profession et assura l’allumage et la surveillance du site mais aussi de l’horizon maritime durant quarante sept ans. Ce phare, après presque quatre vingt dix ans de bons et loyaux services a été désaffecté en 1999. En mai 2003, le Ministère de la Marine a organisé une vente aux enchères à la bougie, forme d’adjudication qui consiste à enchérir tant que deux chandelles sont allumées. Arrivée au terme de leur combustion, la vente a été prononcée au profit de Daniel Jégat, dernier enchérisseur. « Quand j’ai su que ce phare était à vendre, j’ai immédiatement «flashé» sur ce lieu original et unique. »
Le studio invite à la rêverie ou au tête-à-tête en amoureux
Après l’ascension des 120 marches au décor minéral (l’équivalent de… 7 étages !), l’impression d’être coupé du monde est saisissante. Perchée à plus de 25 mètres de haut, on découvre l’ancienne salle des feux du phare de Kerbel aménagée en petit cocon douillet tout rond de 20 m2, offrant une vue époustouflante à 360 degrés ! Perché dans sa tour de verre à l’abri des embruns, le studio invite à la rêverie ou au tête-à-tête en amoureux. Parquet acajou, canapé-lit…, la décoration chaleureuse et minimaliste laisse la part belle à la vue grandiose. Un plancher escamotable a été spécialement conçu, celui-ci permettant d’aplanir le sol et de récupérer l’espace dédié à l’escalier donnant accès à la lanterne. Très pratiques et bien pensées, la petite cuisine et la salle d’eau qui ont trouvé naturellement leur place comme dans le carré d’un navire. Pour la petite anecdote, il faut savoir que les matériaux et le mobilier, ont été hissés en haut du phare grâce à un ascenseur extérieur installé pendant toute la durée des travaux. C’est avec l’aide de Jean-Michel Coho, ex-architecte d’intérieur que Daniel a conçu ce lieu unique au monde. Ici, point de pollution. On respire à plein poumons. On sent le vent, l’iode et l’horizon n’a plus de limite…
Au pied du phare, la maison du sémaphoriste
Au pied du phare, se trouvent une charmante maison de sémaphoriste et sa petite dépendance. Elles aussi ont été restaurées et gardent la typicité des habitations côtières. Elles dominent la petite mer de Gâvres toujours très animée avec ses embarcations ou ses pêcheurs à pied lors des grandes marées. Plus loin, sur la ligne d’horizon, l’île de Groix se découpe par beau temps. « Nous n’avons pas eu de gros travaux à faire» explique Daniel. « La maçonnerie était en assez bon état, tout comme les charpentes ». L’ensemble des bâtiments a été restauré avec soin en dix-huit mois et une piscine et un sauna ont été ajoutés. Ici, loin de l’agitation des villes, on est directement en prise avec les éléments météorologiques, comme les gardiens de phare d’antan. On vit au plus près des tempêtes, des ciels délavés et on peut suivre la course du soleil du lever au coucher. Si vous voulez tenter l’expérience unique de vivre dans un phare, sachez que c’est possible, Kerbel pouvant être loué une grande partie de l’année.
Laure Pierre